Le billet du Laos by Mimi

Les Bois du lac.
C’est au nord de Vientiane, dans le district de VangVieng que l’on décida un jour d’édifier un barrage sur la rivière Nam Ngum. Là où nous étions il y a à peine quelques heures, dans le secteur de Tha Heua.
Pour ce faire, on « expropria » les âmes qui peuplaient la vallée, au fond de laquelle courait paisiblement depuis quelques millénaires la rivière du même nom. On évacua aussi les animaux domestiques et quelques spécimens sauvages, du moins ceux que l’on trouva, sans avoir à beaucoup chercher et on mit en eau le territoire ainsi conquis. 
Résultat, quelques centaines de milliers d’hectares de surface liquide couleur bleue argent virent le jour, sur une épaisseur de quarante mètres, pour les plus grandes profondeurs!
Dans cet encaissement naturel, devenu réservoir artificiel, outre les autochtones et les animaux, il y avait aussi une forêt d’essences rares, que les Lao, coutumiers de la déforestation cadencée à usage mercantile, n’avaient pas eu le « loisir » d’exploiter!
Le « remplissage » entraîna bien sûr ce que l’on nomme communément en langage aseptisé, des « dommages collatéraux »!
Les animaux rampants, les sédentaires au terrier, les insectes, les reptiles et autres espèces payèrent le prix fort de ce pas vers la modernité! 
Les milliers d’îles et îlots qui émergèrent, épars à la surface des flots, étaient les sommets des nombreuses collines qui tapissaient jadis le fond de la vallée! 
Sur ces territoires isolés les uns des autres, se sont réfugiées quelques troupes de singes. Il paraîtrait même que le gouvernement Lao, emprisonne sur l’une de ces îles, quelques récalcitrants à ses directives? (Le sujet est tabou) 
Des buffles à demi sauvages, vont d’île en île, à la nage bien sûr, chercher une nourriture riche et abondante, prenant souvent du bon temps, le corps à moitié immergé! Une attitude nonchalante et paisible mais dont il faut quand même se méfier, le bestiau réputé irascible et pourvu de cornes démesurées est plutôt « soupe au lait »! 
Un jour, (je vais essayer de vous la faire courte😜), des hommes eurent l’idée d’exploiter la forêt, ainsi immergée depuis un demi-siècle!
« On» retrouva et décida de ramener à la surface, toutes les essences rares qui avaient survécu à l’immersion. Proposant des densités voisines de la pierre, imputrescibles, après ce long séjour humide. 
C’est par centaines de tonnes, que troncs énormes et grosses branches sortirent alors de l’eau.
Oh, non sans peine, ni sans efforts! Imaginez, aller couper à la scie pneumatique les troncs encore enracinés à de telles profondeurs? Imaginez transporter à travers jungle et villages, collines et vallées, les quantités de matériels nécessaires à ce chantier inédit, aussi colossal que risqué? 
Imaginez le transport des billes lourdes et si denses qu’y planter le moindre clou est déjà une tache difficile!
Mais n’imaginez pas le moindre instant qu’un mode opératoire de sécurité aurait pu être mis en œuvre pour l’abattage sous marin!! 
Non, ici, seul le résultat compte et, quelques « ouvriers », maîtrisant peu ou pas du tout les effets physiques de la plongée, en altitude de surcroît, allèrent carrément au « casse pipe », rejoindre la cohorte des animaux, innocentes victimes de cet exode raté.
Bien sûr et cela, vous l’imaginez, ce bois s’est vendu et très bien vendu! Parmi les Lao fortunés, nombre d’entre eux possèdent désormais de belles demeures, bâties sur pilotis, ces pilotis énormes « arrachés » à la vie d’abord, puis repris à la terre et l’eau nourricière ensuite, après cinquante années passées sous des tonnes d’eau!
Aujourd’hui, il est quasi impossible de trouver de ce bois, sauf à négocier les billes restantes, entre huit et dix mille dollars la tonne! 
La « maison de nos vacances » de ce séjour au « Nirvana Resort » fût bâtie à mains d’hommes sur ces piles de bois séculaires! Bois de roses, Amarante, Fromager, Tek de Birmanie, Acajou, Framiré etc... 
À l’intérieur, l’espace à vivre est distribué autour de troncs énormes, lisses parfois, sombres et secs toujours. Longuement patinés par le temps et bien sûr, l’eau de la rivière Nam Ngum!😉

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Commentaires: 6
  • #1

    Maryvonne (vendredi, 14 février 2020 09:35)

    Merci , pour ton blog toujours très enrichissant. Pour les personnes comme moi qui on peur des aventures lointaines c'est magnifiques de découvrir toutes les photos en plus des commentaires . Lionel et sa famille apprécient le Costa Rica et font aussi de belles découvertes avec le " toyota - camping " .
    Amicalement à vous 4

  • #2

    Ch.R (vendredi, 14 février 2020 23:29)

    Le billet de Mimi sur les bois du lac, vaut largement une visite guidée. Quand on voit toutes les essences qui se trouvent là, c'est effectivement une mine d'or !!!!! Bises

  • #3

    ANNE lo (samedi, 15 février 2020 09:06)

    Oh je me régale avec vos photos.
    Particulièrement sensible aux essences de bois .j adore
    Des bisous les amis

  • #4

    Nicole et Gérard (samedi, 15 février 2020 09:58)

    Vous êtes notre rv du matin !
    Et on voyage avec vous, merci pour ce partage

  • #5

    Carole�� (samedi, 15 février 2020 10:07)

    Très instructif ce billet sur les bois du lac ( et fort bien écrit). Bonne continuation

  • #6

    hélène (jeudi, 20 février 2020 13:40)

    Extraordinaires ces troncs immergés !
    Merci de prendre le temps de la rédaction du journal de bord