Billet matinal.... De Jean Louis

Les breakfasts à la sauce asiate!?

Dès potron minet, comme on ne dit pas dans ces contrées éloignées de nos rives occidentales, se pose la question du petit déjeuner? Eh oui, ici aussi, il fait faim le matin!  Partout dans ces confins reculés qu’il nous plait d’arpenter et dont nous apprécions la découverte, que ce soit dans les Resorts, les Home Stay, Guest houses ou autres établissements de rue, la commande du pt’i dèj, reste, à quelques rares exceptions près, un grand moment d’incertitude!! Face à vous en effet, crayon et bloc à la main, venu prendre: «Your order please», qu’il soit, Thaïlandais, Vietnamien, Cambodgien, Balinais, Laotien, ou Javanais, autant de naturels, (que l’on peut également mettre au féminin), on vous écoute quasi religieusement égrener votre choix matinal! 

Vous êtes aidé en cela par une carte des mets possibles! Détaillée la plupart du temps dans la langue du pays, rarement traduite en anglais, jamais rédigée en français!!! 

À compter de ce moment, débutent alors, sans suite logique, tout un tas d’expressions diverses, de mimiques variées, d’échanges hasardeux, en un dialogue de sourds, bousculé d’incompréhensions, d’étonnements mutuels, de sourires entendus, parfois catastrophés! 

Bien sur, rien de tel dans les établissements proposant un buffet aux variantes culinaires infinies, offert à nos appétits cosmopolites tout a coup réveillés! 

Ici, même le plus insatisfait des lève tôt trouvera son content. 

Non, c’est plutôt dans le détail des commandes préparées à la demande que l’affaire se corse. 

Pas sur que l’on vous serve toujours ce que vous avez commandé? 

À savoir également que toute modification, ultérieure à la commande initiale, a pour effet immédiat de plonger votre interlocuteur dans un état de perplexité quasi second! Une attitude vous laissant vous même, dans le désarroi profond de n’avoir pas su correctement vous exprimer ou dans la détresse de n’avoir pas été tout de suite compris! Des sentiments à l’aune de vos efforts consentis, à construire, en «franglais», une phrase cohérente bien que dénuée de la moindre forme grammatical?

Mais, soyez rassurés, au final, cela s’arrange! Avec beaucoup de bonne volonté et d’abnégation de part et d’autre, votre estomac ne criera pas famine très longtemps! Même si les saveurs ne sont pas celles espérées ou qu’elles parviennent à vos palais par vagues disparates? 

         

      Et cette incompréhension n’est pas que matinale, elle se poursuit également à l’heure méridienne ou quand vient le temps du dîner! Ou même, à chaque moment ou l’on doit exprimer un choix, poser une question sur telle ou telle composition, sur une quelconque direction à prendre, un moyen de déplacement à utiliser etc...     

Il y a bien entendu une explication à cela!

Bien peu de ces franges de population qui vaquent aux besognes, les «moins nobles» pourrait on dire, n’auront reçu qu’une instruction très rudimentaire, voire, pas d’instruction du tout! Rares sont celles et ceux qui pratiquent l’anglais? Et, encore plus dilués dans l’immensité du savoir, sont ceux qui parlent le français? Ignorant et pour causes, nos us et coutumes, ainsi que nos parlés, peu lettrés, y compris dans leurs propres diversités de langages, on peut aisément comprendre qu’ils puissent avoir du mal à saisir les subtilités de nos usages! 

Et c’est bien volontiers qu’on leur pardonne, tant leur désir de bien faire est prépondérant! 


Eclairage particulier des usages d’ici: Tenez, pour ne parler que de lui, prenez le café par exemple! Appelé «Ca phé» au Vietnam, (ce pays en est le deuxième producteur mondial!), c’est, comment vous dire... une sorte de liquide, semblable à un mélange épais, constitué d’étranges consistances. Dans le verre servi, presque un vase, en un patchwork hétéroclite se mêlent des textures proches du... vernis marine, de la poix luisante, de l’huile de vidange même! Le tout d’un noir profond, couleur encre de seiche!

Lorsque le niveau de l’épais liquide baisse, il laisse sur la paroi de verre un film sirupeux couleur «maronnasse» et l’on se dit qu’après avoir collé aux dents, ce doit être idem dans nos boyaux? 

Sans autre précision de votre part et pour cause, ce «Ca phé», qui peut être aussi: Ca phé Wong (Café hamac), vous est servi très chargé en sucre! Il est agrémenté derechef d’une sorte de concentré de lait, saturé de saccharose, tel celui que nous tétions parfois au tube de Nèstlé, celui que nos mamans glissaient dans les cartables de nos quatre heures!  

Un mélange très consistant et d’extrêmement nutritif, hélas diversement apprécié par nos palais délicats, sans doute davantage habitués aux  Voluto, Ristretto et autres Décaféinato! 

Georges Clooney n’ayant pas réussi à percer jusqu’ ici! ;-)

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Commentaires: 2
  • #1

    Mathieu (mercredi, 14 février 2018 13:09)

    Nous on vit ça tous les midis et pour le moment on a toujours eu une surprise
    en voyant arrivé les plats ��
    Bises

  • #2

    Chantal R (mercredi, 14 février 2018 13:57)

    Jean-Louis, la description de ton café m'a fait rire aux larmes !!! Je pensais aux "Bronzés font du ski" quand le paysan sort ses tartines de fromage et sa gnole, je revois leurs têtes.... et je m'imagine la votre !!!! Courage !!! Gros bisous.