Le billet d’humeur de Jean Louis

De DÀ NANG à HÔ-CHI-MINH-VILLE, en passant par… SAÏGON.
 
À l'instar d’une précédente incursion extrême orientale (cf. «Sentiment d'IRRAWADDY», blog MYANMAR 2017), ce furent encore des images de cinéma qui préludèrent à ma nouvelle immersion en terre d’Asie. 
Sud vietnamienne cette fois.
Ma vision du Vietnam d’alors c’était plutôt: « Entre ciel et terre », « Voyage au bout de l’enfer», «Platoon», «Full métal jacket», la «317eme Section», ou encore, la «Section Anderson».
Des enchainements scéniques, à peine scènarisés, particulièrement pour les deux derniers cités! 
Des images choc qui vous sautent à la gorge, vous glacent le sang, vous prennent aux tripes et interrogent le quotidien confortable de ceux qui, par chance, vivent du bon côté de la guerre!!
Par le biais de ces regards portés, des Kubrick, Cimino, Stone, Coppola et autre Schœnderfer, posés là sur une réalité funeste, on relatait cette période de grande agitation. Là ou quelques milliers de p'tits gars de la grande Amérique, peu rompus aux techniques guerrières car à peine formés, furent prématurément expédiés sur cet énième théâtre d’opérations extérieures. 
Le plein emploi dans la boucherie en quelque sorte! 
Fraichement débarqués de leur charter pour le Styx, à l’orée d’une singulière rencontre, avec leurs homologues couleur safran. Eux aussi novices, mais avec l’avantage du terrain!
Les uns les autres, missionés d’avoir a y prolonger une tragédie débutée en Indochine, quelques lustres plus tôt, par nos propres armées.
C’est au salut d’un matinal et tonitruant: « Good morning Viêtnam » que, foulant les rizières, ils s’en allaient au combat! 
Curieux viatique en vérité, juste trois mots pour passer des splendeurs de la vie, aux horreurs d’une guerre que l’on avait tramée pour eux, dans les salons feutrés d’une quelconque officine. 

Sitôt pénétrés dans la furie, sitôt happés par l’enfer du napalm et l’odeur acre de la poudre noire qui expédie ad patres, plus vite que le son! 
Leurs sangs s’y sont mêlés et leurs rangs, peu à peu clairsemés.
Longtemps ils auront ployé l’échine sous les cataractes de feu aux impacts hasardés. 
Longtemps fuis les obus de mortier et rampé sous les chapelets de bombes vomis des soutes surchargées des stratoforteresses.
Longtemps ouï les boites à mitraille qui crépitaient le shrapnel par saccades. 
Bien entêtant le cruel staccato des armes automatiques, qui déchiquète les corps et outrage les âmes, dans un biotope insalubre et si dégradé qu’il en était devenu cauchemardesque!
Bien long fut le temps pour eux tous, jaunes, blancs, rouges ou noirs! 
De retour aux moments calmes, brisés, harassés, ensembles reclus dans la torpeur fantasmatique d’une autre poudre, blanche celle-là! Le perfusant billet d’un voyage illusoire, un aller simple vers un éden qu’ils n’atteindront pas!

Tous, sous quelque bannière qui les y engagèrent auront perdu leur innocence! Trop, y ont laissé la vie.
Non pas au sujet du Vietnam car il n’était plus de ce monde, mais, d’une façon plus générale, Paul VALERY a écrit : «La guerre est un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas»!
S’agissant de la stupidité du fait guerrier, tout est dit!
 
Après un accord de paix signé en 1973, devenu effectif en 1975 (Deux ans pour que les armes se taisent?), ceux qui échappèrent au massacre, on ne sait si ce fut une chance, subiront seuls et leur vie durant, les conséquences de ce profond traumatisme. Comme une plaie ouverte, ils n’auront ramené dans leurs bagages que le désastreux bilan d'un conflit mortifère vieux de 30 ans, l’altération de leur santé physique et mentale et... quelques breloques posthumes, à épingler sur l’impossible deuil de leurs frères de combat!
«Oh my God, why that»??
En faits, dès que le Viêtnam fut libéré, il en profita de tenter, par les armes, l'annexion du Cambodge voisin?
Décidément… de quelque nuance que soit sa peau, l’homme n'aura toujours pas compris grand chose au film de la vie! 
Et là, pour le coup, ce n’était pas du cinéma!

Et maintenant me direz vous, là bas, cela se passe comment?
Eh bien là bas, ici donc et malgré ce, la nature a repris ses droits… c’est toujours elle qui gagne et c’est heureux!
Côté humain, la paix est installée et parait durable! Jusqu’à quand?
Dieu seul le sait et il n’est pas bavard!
En attendant, ça vit, ça grouille même! Comme dans toutes ces quasi mégapoles Asiates! Partout sur les routes, les rivières, les rues, les bars, les restaurants, les boutiques. Par myriades compactes, les presque 9 millions d’âmes de l’ancienne SAÏGON, vaquent à leur quotidien!
Dans la tiède moiteur de ce mois du Têt, à partir de très tôt, tout n'est que flot, raz de marée humain, motorisé ou non. Sur huit, six, quatre, trois ou deux roues, ça pétarade, ça klaxonne, ça se faufile, ça se rase et ça se croise en un ballet incessant réglé par l'habitude!
Mais, comme vous pouvez déjà le voir et le lire, dans ce brouhaha de vie à la sauce Tonkinoise... Nous, nous nous régalons!! 

NB: Merci de bien vouloir excuser le ton quelque peu maussade de ce billet. 
Un modeste trait, juste inspiré des capacités infinies de l’humain à accomplir le mal! Pour moi, une sorte d’hommage à rendre à toutes ces innocentes victimes, des deux camps!
Un ressenti, passé par le filtre de ma génération, celle qui vécut de loin, mais avec une certaine acuité, le déroulement tragique de l’un des derniers grand conflit du «monde moderne»!! 
Voilà les ami(e)s, désolé, mais il fallait que je le dise!     
 Bises 

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Commentaires: 7
  • #1

    Natounette (jeudi, 01 février 2018 12:44)

    Très beau récit que voilà...plaisir de te lire�tu devrais écrire un bouquin �bisous à vous 4�

  • #2

    Jean Louis&Gilles (jeudi, 01 février 2018 12:53)

    Merci pour ton commentaire, mais de quelle Nathalie s’agit il?��

  • #3

    Rosfelder R (jeudi, 01 février 2018 13:55)

    Oui c'est vrai Jean Louis, tu aurais dû écrire des livres, tu intéresses et on te lis facilement. Dommage ... mais il n'est pas trop tard !!! Enfin vous, vous vous régalez et c'est là l'essentiel. Gros bisous.

  • #4

    cecile (jeudi, 01 février 2018 19:26)

    coucou vous tous
    bisous

  • #5

    Nicole (vendredi, 02 février 2018 08:51)

    Bravo Jean Louis ,toujours un plaisir de te lire .
    Un réel talent caché (ou pas car tu écris peut-être sans qu'on le sache)
    On attend le prochain billet avec impatience
    Bises

  • #6

    Lydie Filoni (samedi, 03 février 2018 05:50)

    Commentaire très intéressant !! Merci Jean-Louis ... Bon voyage à tous les quatre ...

  • #7

    MLINE (samedi, 03 février 2018 07:19)

    Merci à vous pour ce retour "dans le vent de l'Histoire " pour ma part je suis heureuse de voir qu'on peut à nouveau fouler le sol de ce pays, le tribu payer par tous sera toujours trop lourd. les familles ont tant souffert de cette guerre. Le frère de mon père est revenu bien "amoché " de LA BAS comme disait ma grand-mère. Pour moi votre parcours sur cette terre est un pèlerinage de PAIX pour tous ceux qui sont tombés là bas, victimes de la folies de quelques hommes.
    Mais peut-on espérer qu'un jour les archanges St Michel et Lucifer cesseront de se battre ??? Qui terrassera le Dragon ???
    L'espoir fait vivre...��